Cette initiation a été écrite par Darse Billings qui nous a gracieusement autorisés à l'utiliser ici. http://www.cs.ualberta.ca/~darse/Papers/no-limit-tnmt-primer.html
Initiation au tournoi Hold'em no-limit de Darse Billings
L'essai suivant a été écrit pour le magazine "Poker World" en 1995. Il est reproduit ici avec la permission de son auteur, Darse Billings.
Cet article ne constitue qu'un point de départ pour les joueurs qui débutent dans les tournois no-limit Hold'em. Il vous donnera de précieux conseils, mais leur nombre a dû être limité.
Les tournois Hold'em no-limit ont de plus en plus de succès en ce moment. Ils apportent un changement de rythme par rapport au poker habituel et donnent aux joueurs la possibilité de gagner une grosse somme s'ils ont de la chance. Un joueur connaissant les meilleures stratégies de tournoi peut également avoir un net avantage sur ses adversaires. A l'inverse, les joueurs de tournoi inexpérimentés peuvent être fortement désavantagés, même s'ils sont plutôt bons au Hold'em limit.
La première question que se pose naturellement un joueur qui découvre l'environnement des tournois, mais qui veut tenter sa chance, est : "Par où dois-je commencer ?". Le but de cet article est de fournir une stratégie simple, "rudimentaire mais efficace", afin de donner au joueur de tournoi débutant une chance raisonnable de finir dans les points.
Tout d'abord, l'exclusion de garantie. Devenir un bon joueur de poker exige beaucoup d'entraînement de pratique. Il faudra à la plupart des gens des centaines d'heures de lecture et de jeu, souvent sur des années. La stratégie de tournoi apporte une toute nouvelle dimension à cette compétence. Il est absolument impossible de devenir un expert en une nuit. Il est également impossible pour un seul article de magazine d'explorer la totalité de l'art complexe du poker et de la stratégie de tournoi.
Notre but est simplement de donner un ensemble succinct de conseils afin d'aider un participant au tournoi plutôt inexpérimenté à rattraper son retard, et peut-être même à obtenir un léger avantage sur ses adversaires. Ces idées ont été testées en conditions réelles et se sont révélées particulièrement efficaces. Si ce système fonctionne aussi bien malgré sa simplicité c'est certainement parce que beaucoup de joueurs, notamment des joueurs chevronnés, n'arrivent pas à s'adapter correctement aux conditions du tournoi.
Le but premier dans un tournoi est tout simplement de rester en vie, de tenir le coup plus longtemps que des joueurs plus imprudents et d'avoir encore des jetons lorsque le groupe se trouve réduit aux positions payantes. Nous recommandons une approche serrée mais agressive, afin d'éviter les grandes confrontations (sauf lorsqu'on pense avoir un net avantage) et de saisir les bonnes opportunités, plus particulièrement vers la fin du tournoi.
Bien que l'objectif principal soit de rester en vie le plus longtemps possible, cela ne veut *pas* dire que vous devez avoir peur d'être éliminé. Pour réussir, vous devez tirer le meilleur parti de vos bonnes mains et de la situation. Dans un tournoi, la sécurité coûte cher. Mais de façon ironique, les joueurs les moins en danger sont aussi ceux qui sont les plus courageux et non pas les plus passifs.
Dans le poker no-limit, tout ce que vous voulez, c'est faire entrer tous les jetons dans le pot lorsque vous pensez avoir l'avantage. Vous pouvez avoir KK et perdre contre AA ou vous retrouver face à quelqu'un qui a 52a, ça arrive. Si vous perdez, c'est dommage, mais ne laissez pas cette perspective vous faire prendre une décision à la légère. Il n'y a aucune raison de regretter une telle perte et vous devriez refaire exactement la même chose si vous vous retrouviez devant la même opportunité. Gardez cette philosophie à l'esprit et observons maintenant quelques tactiques spécifiques aux tournois de Hold'em no-limit.
En début de tour, jouez seulement les mains de départ de très bonne qualité, telles que les mains des groupes un et deux de Sklansky : AA, KK, QQ, JJ, AKa; DD, AQa, AK, AJa, KQa.
En fin de tour, ajoutez quelques mains solides, telles que celles du groupe trois : 99, AQ, ADa, KJa, QJa, JDa, et peut-être AJ, KQ. Ne jouez les petites paires que si cela ne vous coûte pas trop cher de voir le flop et que vous pensez gagner un gros pot si vous obtenez un brelan.
L'idée est de jouer très peu de mains, mais généralement de miser et de relancer celles que vous jouez. Contrairement à ce qu'on pense généralement, jouer serré n'est pas la même chose que jouer de façon passive. Lorsque vous vous couchez avant le flop, vous devez voir ça comme une action agressive. Vous refusez simplement d'investir votre argent dans une main mauvaise ou médiocre et vous vous préparez à utiliser chacun des jetons économisés au moment le plus opportun. Etre sélectif avec vos mains de départ vous aide à rester en vie d'au moins deux façons.
D'abord, pendant que vous vous couchez main après main, d'autres vont jouer, et certains seront éliminés. Cela vous rapproche de la dotation, même si le nombre de jetons en votre possession n'a pas changé. C'est une caractéristique propre aux tournois payés en pourcentage (les manifestations avec plus d'une récompense, ce qui est le cas habituellement). Si vous désirez en savoir plus sur ce fait mathématique, vous trouverez la meilleure analyse de la stratégie de tournoi dans "Gambling Theory and Other Topics", de Mason Malmuth. Mais comme tout le monde n'est pas prêt à lire un tel ouvrage ou à passer des heures à ingurgiter toutes ses implications avant de participer à son premier tournoi, nous avons tenté de regrouper la majeure partie de ces principes à l'intérieur de ce système simplifié.
Le deuxième avantage qu'il y a à ne jouer que les meilleures mains est que vous limitez les situations dans lesquelles vous devez prendre des décisions délicates. Beaucoup de joueurs moyens se mettent souvent dans des situations délicates, et où la moindre erreur peut leur coûter la totalité de leur tapis. En tant que joueur plutôt inexpérimenté, il vaut mieux que vous évitiez ces situations autant que possible. Si vous ne jouez que les très bonnes mains de départ, vous aurez en général une main très forte, un très bon tirage, ou une main que vous pouvez coucher facilement après le flop.
Puisque vous choisissez vos mains de manière très sélective, vous aurez en général la meilleure main lorsque vous décidez de jouer. Vous devez donc forcer les autres à payer pour pouvoir jouer. La première relance doit être conséquente, indépendamment de la main vous avez. Il faut jouer une paire d'as de la même façon que KQa pour que vos adversaires ne sachent pas ce que vous avez (si ce n'est que ce n'est pas de la gnognotte).
Au début, lorsque les blinds sont petits comparés au tapis moyen, vous pouvez relancer d'un peu plus que le gros blind, disons entre cinq et dix pour cent de la totalité de votre tapis. Par exemple, si tout le monde commence avec 1000 jetons de tournoi et que les blinds commencent à 5 et 10, vous pouvez envisager d'ouvrir avec une relance de 50 ou plus. Ensuite, lorsque les blinds sont plus gros par rapport au tapis moyen, il est raisonnable de relancer de la somme du pot après avoir suivi. Par exemple, si les blinds sont de 100 et 200 et que vous êtes le premier à parler, vous pouvez raisonnablement relancer de 500 de plus (ce qui fait 700 à suivre).
Si d'autres joueurs ont suivi avant vous, le pot sera en général assez gros pour vous donner envie de vous battre immédiatement si vous avez une très bonne paire. Relancez de la taille du pot ou plus si vous avez AA, KK ou QQ. A ce moment du jeu vous serez satisfait de gagner le pot immédiatement, ou de voir un autre joueur payer un prix aussi élevé pour jouer une main moins bonne.
Avec une main moins bonne, vous risquez de ne pas avoir un gros avantage. Attendez alors le flop pour voir où vous en êtes. Remarquez que ce conseil est un peu en contradiction avec la Règle 1. Il faut trouver un compromis entre les deux. Ce qui change lorsque d'autres ont déjà suivi, c'est qu'il y a plus de chances qu'ils relancent : vous avez donc beaucoup moins de chances de gagner le pot sans conteste que lorsque vous êtes le premier à parler. D'un autre côté, si vous avez une bonne main du genre AK et qu'un seul joueur a suivi avant vous, il se peut que vous souhaitiez relancer pour limiter le nombre de suiveurs et augmenter la somme à mettre en jeu pour ceux qui décident de suivre. Vous devriez vous contenter de suivre si vos cartes sont assorties ou si plusieurs joueurs ont déjà suivi pour cette main. Choisissez plutôt de relancer avec de bonnes paires ou des cartes dépareillées avec un as, surtout si le seul joueur qui a suivi est détaché (et qu'il est peu probable qu'il ait une très bonne main).
Si plusieurs joueurs ont suivi, vous pouvez suivre avec une petite mise (jusqu'à cinq pour cent de votre tapis) si vous avez une petite paire, dans l'espoir d'obtenir un brelan lors du flop. A mesure que vous acquérez de l'expérience dans les tournois no-limit, vous déciderez peut-être de suivre dans une bonne situation avec des consécutives assorties telles que 76a ou un flush le plus haut possible comme A5a. Cependant, sachez que ces mains demandent de la technique pour être jouées correctement. Il se peut qu'elles n'en vaillent pas la peine.
Si vous n'avez pas encore joué et que quelqu'un a relancé, ne jouez que si vous pensez toujours avoir la meilleure main. Si vous avez déjà mis de l'argent dans le pot, soit en relançant soit en suivant tardivement et que le pot est donc conséquent, vous pouvez jouer quelques mains de plus, mais toujours avec une extrême prudence. Beaucoup de mains de départ normalement bonnes deviennent extrêmement vulnérables dans cette situation.
N'hésitez pas à vous coucher avec des mains telles que KQa ou 99 si vous respectez le relanceur. Vous risquez d'être soit légèrement favori ou largement donné pour perdant et ce n'est pas le meilleur moment pour investir votre argent. Le danger avec des cartes comme KQ est que vous pouvez compléter votre main (avec un flop au roi ou à la reine) ou être complètement hors jeu (par rapport à un AA, KK, AK ou AQ par exemple). Dans ce cas vous risquez d'être éliminé. Evitez les grandes confrontations et attendez un meilleur moment pour mettre votre tapis en jeu.
Si vous avez AA, KK ou QQ, ou une autre main que vous pensez supérieure à celle du relanceur, alors relancez de la somme du pot ou faites tapis. Ce sont les meilleures mains avec lesquelles vous pouvez commencer, alors ne soyez pas timide. Pour en tirer le meilleur parti, il faut agir tout de suite, avant le flop. Comme précédemment, vous serez ravi si vous gagnez ce pot conséquent sans avoir à vous battre. Et si on vous suit, vous obtiendrez un prix élevé pour un risque raisonnable.
Avec une main moins haute, mais qui a de grandes chances d'être la meilleure, comme AK ou JJ, vous pouvez suivre et voir le flop à condition que cela ne coûte pas trop cher (disons encore dix ou quinze pour cent de votre tapis). Ensuite vous vous investirez dans la main si vous obtenez un flop favorable et vous vous retirerez si le tableau vous paraît risqué. Si la relance de départ est tellement élevée que vous ne pouvez pas obtenir cette information pour un prix raisonnable, alors "prudence est mère de sûreté", et vous devriez abandonner la main.
Notez que la valeur de votre main dépend également de la façon dont vous percevez votre adversaire. Contre un joueur qui semble relancer trop souvent (ce qui suggère que le plus souvent il n'a pas une très bonne main), vous pouvez faire tapis avec JJ, ou jouer AQ de la façon dont vous auriez normalement joué AK. Malheureusement, cela peut également vous mener à prendre des décisions difficiles plus tard dans la main. Ne vous détournez donc pas de votre objectif pour punir un joueur qui selon vous bluffe trop souvent, avant d'avoir plus d'expérience.
Une fois que vous avez vu le flop, vous savez en général à quoi vous en tenir. Si vous avez une paire fermée supérieure à la plus forte carte du tableau (par ex. JJ pour D-7-4), deux cartes dont l'une forme une paire avec la plus forte carte du tableau (par ex. AQ pour A-7-2) ou un brelan (par ex. 22 pour K-J-2), alors vous êtes prêt à jouer. Vous avez attendu patiemment qu'une telle opportunité se présente et vous êtes désormais prêt à aller jusqu'au bout.
Il est normal de miser la valeur du pot, mais en ce qui nous concerne une mise plus importante, d'environ deux fois le pot, est préférable. La raison pour laquelle vous devez miser aussi gros, c'est que vous ne voulez pas qu'on vous suive à moins d'y mettre le prix. Vous ne voulez pas voir entrer un tirage plus faible pour pas-grand-chose, ni vous retrouver dans une situation potentiellement délicate si vous pouvez l'éviter. En faisant des mises aussi grosses (par rapport à la taille du pot), vous forcez rapidement vos adversaires à prendre une décision cruciale concernant la totalité de leur tapis. Ils se voient obligés de se coucher (auquel cas vous gagnez sans prendre de risque) ou de risquer de perdre gros alors que vous avez un avantage certain sur eux.
Le choix de la taille de votre enchère dépend aussi du nombre de jetons en votre possession. Vous devriez miser jusqu'à environ un tiers de votre tapis (ce qui vous laisse assez de jetons pour une autre mise significative lors de la turn) ou faire tapis. Si vous êtes face à un seul adversaire, calculez ces proportions en fonction du plus petit tapis, puisque c'est le nombre maximum de jetons qui peuvent réellement être mis en jeu. Par exemple, supposons que vous et votre adversaire avez 1000 jetons chacun, et que le pot en cours est de 150. Miser 300 jetons serait alors une action forte, puisque cela vous laisse assez de jetons pour faire un gros tapis lors de la turn si votre adversaire devait suivre. Si vous *ou* votre adversaire aviez seulement 500 jetons, alors en miser 300 ne serait pas aussi efficace. Vous pourriez choisir soit de miser 150 tout de suite (ce qui vous en laisse 350 pour la suite) soit simplement de faire tapis immédiatement, selon les circonstances.
Si vous avez tiré un flop qui vous plaît et qu'un autre joueur mise, vous pouvez faire une grosse relance ou faire tapis immédiatement (à moins d'avoir une très bonne raison de penser que vous êtes battu, auquel cas il vaut mieux vous coucher). La mise de votre adversaire laisse présager une bonne main, mais vous avez une opportunité en or de gagner un gros pot si votre main est un tout petit peu supérieure, ce qui est assez probable si vous avez démarré avec une des mains que nous vous avons conseillées. Une fois de plus, vous devez jouer avec courage et conviction, même devant la possibilité d'être éliminé.
Si votre mise ou relance est suivie et que la turn n'est pas vraiment inquiétante, faites une autre grosse mise ou faites tapis à ce moment-là. Il est, bien sûr, possible que vous perdiez, mais très peu de mains auront la cote nécessaire pour suivre et il faudra à vos adversaires une très bonne main pour vous battre. Une fois de plus, c'est ce que vous pouvez demander de mieux. La plupart du temps, le joueur qui vous suit est donné perdant, et quoi qu'il arrive vous aurez bien joué.
Bien sûr, la vie n'est pas si simple, et il y aura des moments où vous ne serez pas certain d'avoir la meilleure main. Peut-être que quelqu'un va faire tapis devant vous et que vous aurez une paire haute mais une troisième carte médiocre (par ex. AJa pour A-D-5). Peut-être qu'il y aura une paire sur le tableau (par ex. AK pour K-5-5), ou une couleur possible (par ex. KQa pour KT-DT-5T), ou vous pouvez n'avoir qu'une paire moyenne (par ex. JJ pour Q-8-5). Il y a beaucoup trop de possibilités pour toutes les passer en revue ici, mais il suffit d'utiliser votre bon sens, en tenant compte du nombre de joueurs dans le pot, de votre connaissance des adversaires et d'autres facteurs. Pour être un joueur coriace, vous devez parfois accepter certains risques et exiger de votre adversaire qu'il vous prouve qu'il bat votre main correcte. A d'autres moments, vous devrez avoir la rigueur nécessaire pour laisser tomber une bonne main quand il semble trop dangereux de continuer. Faites la meilleure prédiction possible et agissez avec fermeté (plutôt en relançant ou en vous couchant qu'en suivant). Si votre décision s'avère mauvaise, tant pis : vous aurez appris quelque chose pour la prochaine fois.
Le bluff est une composante essentielle de la tactique du poker et aucune stratégie de base n'est valable sans un bluff régulier. Pour faire simple, si vous ne bluffez jamais vous donnez trop d'informations à vos adversaires lorsque vous misez. Même les joueurs médiocres apprennent rapidement que vous avez presque toujours une main forte lorsque vous misez et ils apprennent à se coucher en conséquence, à votre détriment.
Sur cette base, vous utiliserez vos bons tirages pour bluffer puisque bien qu'ils soient faibles ils ont un gros potentiel pour former une bonne main si on devait vous suivre. Si vous obtenez quatre cartes d'une couleur au flop ou tirage suite ouverte, vous aurez habituellement aussi des surcartes (par ex. AJK pour KK-DT-5K, KQT pour JC-DT-5K), ce qui vous donne une main avec de nombreux outs, même contre une paire haute.
Vous devez tout d'abord décider si le bluff est justifié. Contre des joueurs qui suivent presque toujours, ou contre de nombreux adversaires dont l'un pourrait suivre, vous devriez renoncer à bluffer car vos chances de réussite sont trop faibles. Plus souvent, vous serez face à un ou deux joueurs moyens et il sera alors à la fois raisonnable et intéressant de bluffer. Misez exactement comme vous le feriez avec une main forte, afin de pousser vos adversaires à prendre une décision cruciale immédiatement. (Les joueurs plus expérimentés qui utilisent normalement une grande variété de mises peuvent améliorer leurs prévisions en choisissant bien la somme de leur bluff, mais cela dépasse le cadre de ce système simple).
Dans les situations particulièrement bonnes, comme le fait de jouer après que deux ou trois joueurs raisonnables ont parlé, vous pouvez également bluffer avec simplement une main dont la carte la plus forte est un as (par ex. AQ pour J-8-5). Ce n'est qu'un semi-bluff parce qu'il est possible que vous ayez effectivement la meilleure main et vous avez encore d'assez bonnes chances de l'améliorer si l'on vous suit. Il se peut que vous découvriez que vos mises imposent le respect parce que vous avez déjà gagné plusieurs abattages avec des mains fortes. C'est alors le bon moment pour augmenter la fréquence de vos bluffs, en particulier vers la fin du tournoi, lorsqu'il y a beaucoup à gagner avec un vol réussi.
Si votre bluff est suivi et que vous ne parvenez pas à améliorer votre main, vous devriez alors parler à la turn. Souvent, votre action au flop vous garantira une carte gratuite à la rivière, en particulier si vous êtes bien placé. Si votre adversaire mise, abandonnez la main à moins que vous ayez une bonne probabilité pour suivre (ce qui ne devrait normalement pas être le cas).
Si la turn vous donne une bonne carte et que vous êtes le premier à jouer, misez ou lancez une embuscade, selon le plan qui vous semble le meilleur pour gagner le plus d'argent possible. Si vous êtes le dernier à jouer, misez ou relancez maintenant. Ne sous jouez pas la main à moins d'être *certain* que vous pouvez gagner plus de cette façon. De manière générale, votre adversaire est beaucoup plus motivé pour suivre lors de la turn (pour voir la dernière carte) et vous voulez être suivi avec votre main extraordinaire. Si vous n'obtenez qu'une surcarte au lieu de la carte rêvée, misez alors comme vous le feriez normalement avec une paire haute (ne refusez pas une carte gratuite, et vous pourriez être suivi par la paire précédente).
Beaucoup de joueurs deviennent babas devant leurs gros tirages : c'est une énorme erreur. Dans le Hold'em limit, ces mains peuvent être assez puissantes parce que la petite taille des mises vous assure qu'il sera presque toujours judicieux de suivre la turn aussi. Dans le poker no-limit vous ne pouvez pas voir au-delà de la carte suivante, parce que votre adversaire peut faire une mise si haute lors de la turn que vous soyez forcé de vous coucher (ou de mal jouer en suivant). Ceci étant dit, il peut quand même être bon de suivre une petite mise (disons un tiers du pot ou moins) avec vos bonnes mains de tirage, en particulier si vous jouez après l'enchérisseur et que vous espérez gagner une autre grosse mise si vous tirez la carte dont vous avez besoin. En principe, vous ne devez pas craindre de prendre un risque raisonnable pour un gros gain garanti, parce que vous aurez de toute façon besoin de chance pour battre les bons joueurs.
Il est efficace de jouer serré au début d'un tournoi car vous refusez surtout de risquer beaucoup quand il y a relativement peu à gagner. A mesure que les blinds et les mises initiales augmentent, il y a plus à gagner en remportant la main et vous pouvez donc prendre plus de risques. L'augmentation des blinds implique aussi que vous aurez à prendre des décisions de plus en plus cruciales à chaque main. Dans les dernières phases du tournoi, vos choix seront souvent réduits à soit vous coucher, soit faire tapis avant le flop et vous devez savoir vous adapter à ce nouveau style de jeu.
Puisque les enchères plus élevées entament votre tapis plus rapidement, vous devrez probablement gagner les blinds assez régulièrement pour pouvoir rester en vie. Lorsque les blinds ont atteint le niveau auquel il ne vous reste assez de jetons que pour une relance significative, vous devez vous décider à faire tapis avec toutes les mains qui paraissent être les meilleures face aux joueurs restant dans la main. Cela peut vouloir dire parier la totalité de votre tapis pour une main avec laquelle vous vous seriez couché plus tôt dans le tournoi.
Cependant, ne faites pas de tentative de vol avec de mauvaises mains. Vous pouvez voir ça comme du semi-bluff, puisqu'il se peut que vous ayez la meilleure main sur le moment tout en pouvant encore vous retirer si vous êtes suivi. Par exemple, s'il n'y a pas encore de suiveur, vous pouvez sur-relancer avec A7 sur le bouton, ou avec 88 en position intermédiaire. Vous pourriez facilement être suivi et perdre dans cette situation, mais puisqu'il faudra une bonne main ou un tirage chanceux pour vous battre, il est pertinent de prendre ce risque.
La force de la main de départ nécessaire pour faire un bon demi-vol dépendra de la taille des blinds, du nombre de joueurs qui n'ont pas encore joué dans la main et de leur style de jeu. En général, il vous faudra au minimum une paire moyenne ou deux cartes hautes (en particulier si l'une des deux est un as). Le fait que ces cartes soient assorties n'est pas très important. Il vaut bien mieux avoir KD dépareillées que 54a, par exemple. (Notez que c'est exactement l'inverse de la situation en début du tournoi, où le fait de jouer KD pourrait être une erreur fatale). Comme toujours, cela laisse une grande place à votre évaluation de la situation. Si vous considérez que vous avez peu de chances de gagner les blinds en relançant, il vaut peut-être mieux attendre une meilleure main. Cependant, si les autres joueurs croient que vous ne jouez que les très bonnes mains de départs, vous pouvez utiliser cette opportunité pour gagner les blinds quelques fois supplémentaires avant qu'ils ne comprennent.
Avec le même raisonnement, dans les dernières phases du tournoi vous devez également veiller à défendre plus vos blinds lorsque vous avez une main relativement solide. Par exemple, il serait peut-être trop conservateur de vous coucher avec KJ au lieu de faire une tentative de vol, même si vous devez faire tapis pour suivre. Contre des joueurs qui relancent fréquemment, vous pouvez également décider de suivre avec n'importe quel as.
Si votre tapis est tellement petit que vous n'avez même pas assez pour relancer correctement le gros blind, il vous faut alors une meilleure main pour suivre, puisque vous n'avez plus la possibilité supplémentaire de gagner le pot sans conteste. A ce moment du jeu vous attendez simplement d'être sûr d'avoir la meilleure main. Si cela n'arrive pas, attendez que le gros blind vous force à faire tapis (ou presque) et laissez la chance décider du résultat. Les mathématiques du poker de tournoi montrent que vos derniers jetons valent en fait plus que chacun des jetons dans un gros tapis. Il n'est donc pas dans votre intérêt de vous mettre dans une situation limite. Pour en savoir plus sur ce phénomène, nous vous encourageons une fois de plus à lire l'étude des stratégies de tournoi de Mason Malmuth.
Si vous êtes dans les blinds, il est le plus souvent juste de suivre même si votre main est très faible. Par exemple, si vous êtes dans le petit blind et que le fait de suivre le gros blind vous oblige à faire tapis, vous devriez suivre quelles que soient vos deux cartes (à moins qu'une relance ne vous indique qu'un joueur a une main très forte et même dans ce cas il serait raisonnable de suivre).
Une fois que vous êtes dans les points, souvenez-vous que l'objectif principal est de rester en vie le plus longtemps possible. Cela peut vouloir dire jouer d'une façon qui paraît inhabituelle. Par exemple, supposons qu'il ne vous reste plus qu'un jeton et que vous receviez QQ, mais qu'un joueur avant vous fasse tapis pour le gros blind. Puisqu'il y a des chances qu'un joueur soit éliminé lors de cette main, la meilleure chose à faire pourrait bien être de vous coucher ! Pour les mêmes raisons, vous pouvez décider de vous coucher avec KQa lorsqu'un joueur vient de faire tapis, même si vous pensez avoir de bonnes chances de gagner. En évitant la confrontation directe, vous pouvez terminer le tournoi en meilleure position et gagner considérablement plus d'argent.
Pour récapituler la stratégie de base que nous recommandons, commencez par ne jouer que les très bonnes mains de départ et jouez-les de façon agressive. Lorsque vous avez une main forte, comme une paire haute avec une bonne carte acolyte, soyez prêt à aller le plus loin possible. Lorsque vous décidez de jouer une main, estimez la situation le mieux possible et soyez décidé (misez et relancez gros, ou couchez-vous lorsque vous pensez être battu). N'ayez pas peur de bluffer lorsqu'une bonne opportunité se présente.
A mesure que la taille des blinds augmente, ajoutez de bonnes mains (les paires et les cartes hautes) et battez-vous pour les blinds. Evitez les confrontations directes quand c'est possible mais saisissez les opportunités qui se présentent. Jouez pour survivre, mais ne soyez pas passif. Lorsqu'il ne vous reste que quelques jetons, attendez d'avoir une bonne main pour les jouer et attendez encore que le gros blind vous force enfin à jouer. Apprenez-en autant que possible sur vos adversaires et sur la nature particulière du jeu en tournoi, et par-dessus tout, amusez-vous !
- Darse.
L'article n'entre pas vraiment dans le détail des dernières phases du tournoi : estimez-vous heureux si vous avez ce genre de problème ! Sachez que vous devez essayer de voler les blinds fréquemment (bien plus que votre part) à chaque fois qu'on s'est couché avant vous. La plupart des joueurs jouent beaucoup trop serré à ce moment du tournoi et cela vous offre une énorme opportunité de voler quelques blinds supplémentaires. Vous devriez aussi avoir gagné pas mal de respect jusque-là grâce à votre jeu serré.